Nous sommes entrés en Iran dans un état second sans vraiment nous en rendre compte.
La longue traversée baloutche et ses aléas (demi tour forcé par la police après 150km, abandon en pleine nuit au milieu de nulle part, fuite d’huile sur la 700, gros allongement de parcours, lenteur des escortes sous un soleil de plomb, faible alimentation…) a effectivement pompé notre énergie mais de manière progressive et insidieuse !

Nous en avons conscience quelques centaines de kilomètres plus loin après que de bonnes nuits, des repas abondants et des routes devenues (trop) faciles remettent notre potentiel énergétique au bon niveau !
La première nuit iranienne a son charme, nous avons été hébergés avec gentillesse et gratuitement dès la frontière franchie dans une mosquée dédiée à l’accueil de pèlerins !

Mais ensuite le Balouchistan Iranien nous rend la tâche difficile, l’accès aux stations services est parfois autorisé, parfois pas et en aggravation certaines queues devant les pompes font plusieurs centaines de mètres ! Le stress monte car c’est bien connu sans carburant on ne va pas très loin ! Mais cela dit c’est bien ici et dans une des stations inhospitalière que le plein des motos nous a été payé par un inconnu.
Nous avons quelques difficultés aussi à changer de l’argent, arrivés à Bam un vendredi jour de WE pour les musulmans toutes les boutiques du bazar sont fermées, mauvaise pioche pour changer quelques dollars auprès de joailliers.
Pas de quoi non plus se remplir la panse !
Le lendemain nous quitterons la ville pour Mahan après avoir visité la très belle citadelle, l’Arg E Bam.

Deux nuits dans un très bel hôtel aménagé dans un ancien caravansérail commencent à nous retaper, d’autant mieux que le petit resto attenant est bon. Visites des points d’intérêts locaux et nous roulons vers une des portes d’entrée du désert de Lut: Shahdad. Aram notre guide nous a déniché un hôtel luxueux où l’accueil est très gentil. Un petit musée dans l’hôtel commenté par Mustapha explique la formation du désert et nous ouvre l’appétit pour aller le découvrir. Mohamad nous y conduit le lendemain pour le coucher de soleil et un bivouac sur place.

Le jour se lève à 5h40 et nous l’attendons de pied ferme sur le sommet d’un des plus hauts kaluts, le moment est magique, envoutant et inoubliable, d’autant plus qu’avec une gentille attention de nos hôtes Marianne y soufle une bougie pour son anniversaire !

Cap au sud vers les iles de Qeshm et Hormouz qui de mon point de vue ne valent pas les milliers de kms qu’ils faut avaler pour les rejoindre, d’autant moins qu’il fait entre 35 et 40 degrés et que l’humidité frôle la saturation. Au delà des quelques arnaques à touristes je trouverai tout de même de belles opportunités de photos et surtout ce micro van local truffés de jeunes bouilles souriantes qui m’ont carrément fait craquer !










Cap au nord cette fois ci pour Shiraz que nous atteignons sous la pluie puis Persepolis dont le nom est inscrit sur la liste de mes rêves depuis des décennies. L’empire perse était d’une taille impressionnante et à son apogée couvrait grosso modo à l’Ouest la Turquie, l’Égypte jusqu’à l’Inde à l’Est en englobant l’Afghanistan et une partie de l’Asie centrale. Si la tombe de Cyrus est étonnamment modeste ses successeurs ont vu plus grand et leurs palais et tombes ont résisté au temps.
Les tombeaux royaux rappellent ceux de Pétra et les fresques de Persepolis sont magnifiquement conservées.














Si Shiraz me réconcilie avec l’accueil Iranien tant vanté par d’autres voyageurs Yazd me touchera au coeur. La ville avec ses qanats et bagdirs est à la fois intéressante et plaisante et nous sommes accueillis chez Mahya (prononcer Maria) et Mohsen dont la gentillesse est extraordinaire. Ils tiennent à nous présenter Yazd et ses environs sous leurs plus beaux atours, nous emmènent dans des lieux rarement visités et nous font partager de sympathiques fous rires.















Nous aurons un pincement au coeur lors de notre départ. Les routes à suivre sont entre les villes rectilignes et d’une monotonie sans pareil, celle pour Isfahan n’échappe pas à la règle malgré de rares passages près de modestes sommets. Aram nous a trouvé un charmant hôtel dans une ruelle de la vielle ville, à deux pas de la deuxième plus grande place fermée au monde (après pékin et avant Moscou). Les missiles israéliens on fait fuir les touristes occidentaux et immanquablement nous attirons la curiosité sympathique des iraniens. La mosquée E Nash est particulièrement belle, son dôme a la particularité de générer de nombreux échos, le but était de bien faire entendre la parole du Sheikh. Isfahan est agréable de jour et de nuit, d’autant plus qu’Aram nous fait découvrir les ponts sur la Zaranderud où sur l’un les jeunes se retrouvent, sous l’autre les anciens chantent – je suis même interpellé pour chanter en français et m’y plie volontiers pour un titre que la décence m’oblige à ne pas dévoiler.














Nous voulions monter ensuite dans le parc national de Kavir mais son accès est trop compliqué pour les étrangers, nous restons à Kashan et découvrons cette ville avec enchantement. Le souk peu animé le matin se prête à une agréable promenade et s’ouvre sur de nombreuses petites ruelles pleine de charmants secrets, cours intérieures, mosquées, tombeaux et j’aurai un faible pour le magnifique caravansérail Aminoddole dont les arcades sont hautes et harmonieusement colorées, les cellules sont aménagées en boutiques de tapis anciens, ateliers d’artistes, antiquités dans une jolie gamme de couleurs. Vous l’aurez compris, j’ai aimé cette ville !









Cap à l’ouest pour rejoindre le Kurdistan, la première journée est peu réjouissante, nous avons eu 8 degrés à plus de 2200 mètres au premier col, puis une bonne partie de la première étape jusqu’à Hamadan jouera avec les 12 degrés, un vent latéral fort et de la bruine, le tout dans des environs laids, vivement la suite !
L’approche de Paveh nous réjouira un peu plus, les reliefs s’élèvent la méteo reste froide mais avec un ciel bleu c’est supportable. Nous voyons les premiers villages kurdes, maison à toits plats bâties sur flancs de montagne. Nous prenons une petite route jusqu’à Najjar et une maison d’hôtes sur les conseils de Michel et Cécile. Notre hôte témoigne de la gentillesse kurde, il veut s’assurer que tout va bien pour nous et ira jusqu’à nous offrir les dîners.
D’un petit village à l’autre nous nous régalons sur des routes devenues enfin sinueuses; La beauté des paysages, le beau temps et le plaisir de rouler nous font oublier les 7°C au col, même pas froid ! Nous arrivons à OOraman Takht tôt dans l’après midi et flânons dans ce petit village perché.
Nous nous perdons dans une impasse à Sanandaj en cherchant notre hôtel, instantanément les voisins sortent, l’un pour nous offrir du thé, un parking au chaud pour les motos, un autre pour nous inviter à dejeuner et nous passerons l’après midi avec cette famille adorable !









La suite nous conduit vers la frontière Turque, tout d’abord à travers les superbes Colored Mountains qui nous forcent à l’arrêt à chaque virage ! Tabriz est tentaculaire et après les jours tranquilles dans des villages perdus la ville ne nous attire vraiment pas, nous nous limiterons à la visite du réputé bazar.














Passage frontière rapide pour entrer en Turquie, la partie Iran est bien corrompue, la partie turque veille à fouiller tous mes bagages mais cela reste bon enfant !
Je finirai par un coup de gueule ( il y avait longtemps !).
Nous avons traversé l’Iran en 35 jours, depuis le début le site du ministère des affaires étrangères nous invite à quitter l’Iran dès que possible, surtout de ne pas y rentrer et tente même la menace de ne pas nous aider si jamais nous y rencontrons un problème !
Sur ces mauvais conseils de fonctionnaires grassement nourris à la cantine publique relayés par des médias partisans l’Iran se vide de touristes, son inflation galope et son peuple pacifiste et éduqué qui nous a témoigné tellement de gentillesse a faim.
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