Le petit prétentieux que je m’apprêtais à être a pris une jolie claque, nous avons vu de belles choses avant (entendez depuis quelques décennies) mais là, la Pamir Highway est à couper le souffle, je n’avais encore pas vu de si bel itinéraire. Vous allez voir !

Depuis Sary Tash le premier poste frontière est passé rapidement malgré la stature exécrable du douanier kirghize, puis nous sommes dans le long no man’s land fait d’ornières et de terre rouge et heureusement sec car la piste est déjà bien chaotique.

Si on n’y prend gare le poste frontière Tadjique se présente comme un parc d’attraction avec à l’entrée deux grosse bonbonnières camouflées de couleurs chatoyantes ! L’arrivée des gardiens du portail en treillis et fusil en bandoulière nous remettent les pieds sur terre. Le passage est rapide et souriant.

Et c’est à ce moment là, première enclenchée, poignée de gaz en rotation que nous en prenons plein les yeux, c’est même trop pour deux seules petites orbites !




L’isolement, la grandeur des vallées, les jeux de couleurs nous subjuguent. C’est grandement beau, incroyablement époustouflant… enfin ça prend aux tripes à ne plus savoir comment gérer cet afflux massif d’émotions. Le passage par le col Ak Baytal à 4650 mètres en ajoute encore.
Juste après le village de Karakul où nous avons trouvé quelques tomates et de pauvres carottes le bivouac planté à proximité du lac ne taira pas l’excitation, il montera certainement sur le podium des plus beaux arrêts dodo de notre petite histoire.

Murghab se présente à nous, elle est la bourgade la plus importante à l’est du Pamir et nous frappe par le nombre de bâtiments officiels sur lesquels sont placardés d’immenses portraits du président. Nous avons une difficulté majeure à trouver le bureau de délivrance des permis pour la réserve naturelle Zorkul – elle n’a d’ailleurs de naturel que le nom car la méchante médiocrité humaine y a exterminé les Marco Polo, mouflons du Pamir – mais à force de persévérance nous voyons un homme en chercher un autre sur un chantier de construction, ce dernier nous fait comprendre qu’il faut le suivre… quelques centaines de mètres plus loin il ouvre un bureau officiel et nous délivre les permis !

La Guest House Erali et ses très gentils hôtes sera notre camp de base de la première semaine. Nous nous y réfugierons entre deux pistes et entre deux ou trois bivouacs. Nous sommes émerveillés par les vallées dans lesquelles nous posons nos roues, le long de la rivière Murghab, vers le village isolé de Rangkul ou encore vers Cheshtebe où la disparition de la route – enfin de la piste – nous impose un demi tour ! Ce village est pourtant sur la carte, une route le traverse mais sur place tout est abandon, il n’y a pas de pont pour traverser deux gros cours d’eau et malgré l’envoi du drone en reconnaissance nous n’observons qu’un cul de sac ! Ça n’est pas grave, la piste qui ne descend pas en dessous de 4000 mètres était magnifique à l’aller, elle ne le démentira pas au retour !




On quite Murghab après avoir jeté un oeil et ma patience sur le cratère dit de météorite qui s’atteint au bout d’une horrible piste brise fer, brise homme et méga poussièreuse !

La belle et la bête !
Ignorants nous sommes, ignorants nous resterons !
Nous naviguons en permanence au dessus de 4000 mètres – ce qui vue l’épaisseur de la tropopause ne correspond pas du tout à un 4000 mètres de « chez nous » – et combien de fois n’avons nous pas été mis en garde contre le mal des montagnes et la nécessaire acclimatation à l’altitude.
Ah ! Foutaise de gagne petit ! Et l’acclimatation à la beauté alors ? Personne n’en parle et notre traversée le long de la frontière Afghane, le long des lacs Zorkul puis de la rivière Pamir nous bloque les poumons, nous coupe le souffle, nous sature la rétine. Nos cases mémoire n’ont pas la capacité de tout engranger, au cours de ce match homme nature je suis KO à la première seconde. De cela prévenus point nous sommes !





Et cela n’est pas qu’un jeu de mot, la beauté de cette immense vallée, la longueur de la piste, l’engagement, la solitude, la proximité Afghane, les nombreux gués tortueux à traverser et la sortie en sable ont pompé toute mon énergie, l’arrivée à Alichur a été salvatrice, le diner régénérateur et la nuit réparatrice.

Zorkul la bête sauvage est aussi Zorkul la Belle.
Un petit tour près du lac Bulunkul et nous projettons de rejoindre Khorog par la vallée de Shakdara, la Pamir Highway est défoncée et quite à en baver autant en prendre plein les yeux à nouveau.

Au moment de quitter la M41 la 700 ne veut plus rien savoir, le diag. affichera un problème de pompe à essence ! Démontage sur le bord de la route, le flotteur pendait sous se connection, on remonte et… ça marche !
La piste est annoncée difficile au début, elle l’est effectivement sur deux tronçons. Le premier de 200-300 en galets roulants et sautants puis un gué de 50 mètres avec une eau calme mais qui recouvre de gros galets bien rond et vaseux ! Il nous faudra une heure pour franchir ce passage, avant de rejoindre le col Maysara.

Nouveau problème de pompe a essence au col, la 700 ne veut pas démarrer…le démontage ne montre rien, l’incompréhension de problème s’accompagne vite de la peur de rester plantés là ! Nous repartons après un reset défauts imposé au calculateur et on croise les doigts !
Cette vallée est de toute beauté, la difficulté de la piste rive les yeux vers le bas alors qu’il nous les faudrait pour balayer l’horizon !


Khorog se présente à nous, on file trouver une Guest House et le lendemain nous avons trouvé un soudeur pour réparer un cadre porte valises et une pompe à essence d’origine japonaise chez un vendeur de pièces automobile qui a eu la gentillesse d’ouvrir quasiment toutes ses boites pour que nous puissions vérifier la connectique des pompes !
On croise les doigts, la 700 n’a pas connu de nouveaux aléas… nous pouvons nous atteler sur le prochain programme …
Lien vers nos autres articles sur notre route de la soie: (Route de soie)
PS: par un hasard malheureux il m’est impossible de télécharger des galeries de photos, est-ce un problème de WordPress ou un réseau limité ? Il y a donc peu d’images, je le regrette pour vous, et pour moi !
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